Feuilleton Nº

9

De l’intelligence du dément

De l

Le poète Horace observait déjà qu’à se retrouver “parmi les fous, on craint d’être fou”. Aujourd’hui, certaines structures de soins, véritables fabriques d’aliénés, apparaissent comme le plus court chemin vers la folie. Après un séjour en hôpital psychiatrique à la fin des années 1960, Günter Wallraff attirait l’attention de ses contemporains sur le sort que réservait l’institution à ses patients. Alerté récemment par le témoignage d’un “malade”, il constate que rien n’a changé. La médecine psychiatrique marcherait-elle sur la tête ?

Extrait

Parmi les nombreuses lettres que je reçois, je trouve sans cesse celles d’hommes et de femmes me relatant leur passage en hôpital psychiatrique. Quand je les lis ou que je rencontre ces personnes, je me sens la plupart du temps dépassé par la situation, les renvoie à des avocats, donne des adresses de médecins ou d’organisations de soutien aux patients en espérant leur apporter un peu d’aide.

Et puis, une lettre où il était question de Goddelau est arrivée. Goddelau – ce simple nom m’a rappelé une expérience que j’avais presque refoulée au fil des années. C’était ma première expérience de la psychiatrie, il y a plus de quarante ans. En 1967, je m’étais fait passer pour alcoolique et interner à la clinique de Goddelau dans la ville hessoise de Riedstadt et avais consacré un de mes treize reportages indésirables à cette période passée en “asile de fous”.

Der Intelligente Demente”, traduit de l’allemand par Agathe Bernier-Monod, a paru pour la première fois dans Die Zeit le 2 février 2011. © Günter Wallraff, 2011