Feuilleton Nº

1

Pour un real de plus

Pour un real de plus

Des amis ont dit à Daniel Keith Ludwig, milliardaire américain, qu’il serait fou de s’aventurer en Amazonie. Il a fait un pari avec eux, il l’a perdu. Le Brésil l’a humilié. Jari a été son seul échec.

Extrait

La forêt vierge est rasée – au bulldozer, de surcroît –, ce qui appauvrit les sols. Le gmelina arborea, espèce asiatique à croissance rapide et au rendement élevé de cellulose, ne s’adapte pas bien au sol amazonien. L’arbre ne tarde pas à être remplacé par l’eucalyptus et le pin, qui retirent tout avantage compétitif à Jari. La culture du riz – “aux engrais chimiques, au lieu de mettre à profit la richesse des plaines alluviales de l’Amazone”, critique encore le journaliste – est un échec total. Aux portes du complexe, la catastrophe sociale menace : les migrants démunis, attirés par la promesse d’un Eldorado, ne cessent d’affluer et s’entassent, dans des conditions déplorables, dans la favela dite du Beiradão.