Coronado High

Coronado High

Baignés dans l’innocence du Summer of love, les enfants d’une cité balnéaire de Californie ont bâti, au nez et à la barbe des autorités, un empire du narcotrafic de plusieurs centaines de millions de dollars. En s’appuyant sur les entretiens recueillis auprès des membres de la Company, Joshua Bearman reconstitue l’histoire de cette bande de surfeurs intrépides qui, inspirés par quelques volutes de fumées de weed, ont côtoyé les étoiles avant de plonger dans l’enfer paranoïaque de la guerre de la drogue.

1976

À l’horizon, un bateau. Dave Strather le vit à travers ses jumelles : les voiles spectrales se pressant sur l’eau, la coque pleine d’une cargaison précieuse. Dave était assis sur une falaise qui surplombait le Pacifique. La plage déserte était plongée dans l’obscurité, pas âme qui vive dans les quatre-vingts kilomètres à la ronde. C’était la Côte Perdue, une vaste bande de terre inhabitée et recouverte de forêts superbes, au nord de la Californie, ce genre d’endroit qui vous fait comprendre pourquoi on appelle cet État le Golden State. Dave avait choisi ce lieu précisément parce qu’il était désert. Son équipe et lui avaient besoin de discrétion. Le bateau était chargé de marchandise de contrebande : quasiment deux tonnes de Thaï Stick, la petite nouvelle dans le commerce de la marijuana, un produit aussi puissant que cher, que Dave et son équipe – une bande de trafiquants auto-baptisée la Coronado Company – allaient décharger et revendre pour des millions de dollars. Une fois que Dave eut établi un contact visuel, son équipe lança sur la radio : “Ketch au large, merci de vous identifier.”

“Ici Red Robin.”

Coronado High a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Géraldine Prévot. Le texte a paru pour la première fois dans GQ US en juin 2013. © Joshua Bearman, 2013