La musique est une offrande

traducteur
Raphaël Moran
illustrateur
Aleksi Cavaillez
La musique est une offrande

Après l’avoir longtemps négligé, la Colombie redécouvre depuis quelques années son patrimoine musical. À l’origine de ce renouveau, une rencontre dans les années 1990 entre un jeune producteur britannique adepte de musique électronique, Richard Blair, et la chanteuse et danseuse Totó la Momposina. Du mariage entre le folklore musical colombien où s’entremêlent culture indigène, africaine, espagnole, et le son de la culture club, naît l’electrocumbia. Tradition et modernité se répondent en écho.

L’automne parisien s’était paré d’une brume hivernale. Au milieu du froid, Sonia Bazanta marchait dans un quartier morne du XIe arrondissement. Elle était habillée d’un pantalon noir léger, d’une veste polaire et d’un béret en daim sous lequel elle cachait sa chevelure. De son écharpe colorée, elle se couvrait le visage pour préserver la voix de Totó la Momposina :

“Qu’est-ce qui différencie Sonia et Totó ?, lui demandais-je.

— Nous sommes une seule et même personne, répondit-elle, aucune différence, si ce n’est que Sonia Bazanta m’est utile pour mon passeport, pour sortir du pays.”

Sonia Bazanta était partie de Bogotá, où elle vit, pour se rendre à Paris transformée en Totó la Momposina, chanteuse folklorique la plus reconnue de son pays, afin d’inaugurer le festival Villes des musiques du monde.

Ce jeudi 10 octobre 2013, Totó foulait de nouveau les rues qu’elle avait parcourues dans les années 1980, quand, à quarante ans, elle était venue à Paris pour étudier l’histoire de la danse à l’université de la Sorbonne.

Totó la Momposina y Richard Blair, La música es una ofrenda a été traduit de l’espagnol (Équateur) par Raphaël Moran. Il s’agit d’un texte inédit. © Feuilleton, 2014 pour la traduction française