La Blonde dans la valise

traducteur
Jean-Éric Boulin
illustrateur
Hope Gangloff
La Blonde dans la valise

En 2005, près de Miami, le corps d’une femme battue, violée et laissée pour morte, est retrouvé, gisant à une dizaine de kilomètres de l’hôtel où elle résidait. Pourtant, à en croire les enregistrements des caméras de surveillance, la victime n’a jamais quitté l’établissement le soir du crime. Faute de preuve, l’enquête de police piétine. Mais la direction de l’hôtel, soucieuse de se défaire de toute responsabilité, engage un détective privé, Ken Brennan, pour éclaircir l’affaire. Guidé par son intuition, l’enquêteur pugnace est mis sur la piste du suspect… Un reportage de Vanity Fair.

Depuis le début, c’était une sale affaire.

Une femme de vingt-et-un ans aux longues mèches blondes, portant des traces de coups, avait été retrouvée dans un terrain vague, face contre terre, nue, à la périphérie ouest de Miami, là où les rues soignées de la banlieue la plus lointaine jouxtent les hautes herbes et la boue noire des Everglades. Il était tôt en ce petit matin de l’hiver 2005. L’employé d’une entreprise locale d’électricité conduisait à travers les parkings vides bordant un cul-de-sac lorsqu’il vit le corps de la jeune fille.

Et, à sa grande surprise, elle était en vie. Elle était encore inconsciente quand la police l’héliporta à l’hôpital Jackson Memorial. Quand elle se réveilla dans le secteur des traumatisés, elle ne parvenait pas à se rappeler grand-chose de ce qui lui était arrivé. Son corps, lui, racontait une terrible histoire. Elle avait été violée, sauvagement battue, et laissée pour morte. Elle souffrait d’un sérieux traumatisme crânien, ayant encaissé des coups qui avaient secoué son cerveau dans sa boîte crânienne. Du sperme avait été retrouvé dans son vagin. Les os autour de son œil droit étaient brisés. Elle était terrifiée et hagarde. Difficile à comprendre également. Elle parlait anglais en utilisant la syntaxe et la grammaire de son ukrainien natal, oubliant des pronoms, inversant la structure des phrases. Et l’une des premières choses dont elle s’enquit à son réveil fut de parler à son avocat. Pour le moins inhabituel.

Ce texte a paru pour la première fois dans Vanity Fair en décembre 2010. © Marc Bowden, 2010