Le Roman sanglant de Joseph Vacher

illustrateur
Katie Scott
Le Roman sanglant de Joseph Vacher

Clé de voûte de la révolution surréaliste, l’assassinat, considéré comme un des beaux-arts, sied davantage à l’œuvre fascinante du dandy “Jack The Ripper” qu’à celle de ce pauvre diable de Joseph Vacher. En s’emparant d’un fait divers réservé d’ordinaire à la presse à sensations, Robert Desnos embrasse la littérature populaire pour mieux la subvertir. Parabole de l’idiotie, la cavale sanguinaire de Vacher devient, sous la plume du poète, la messe noire du pouvoir de la raison et de sa prétention hégémonique.

Vacher, malgré ces aimables prémices, fut néanmoins nommé caporal. On raconte qu’il faisait respecter la discipline à coups de poing et que même un certain jour, il faillit étrangler l’un de ses subordonnés fautif. Aux yeux de tous, Vacher passait pour un fou mêlant à des idées de persécution un délire vaniteux assez ridicule : il aimait en effet à s’arracher devant témoins les cheveux et les poils des bras pour montrer combien il était insensible à la douleur.

Continuant ainsi sa carrière, menaçant les uns, manquant à plusieurs reprises de tuer ses camarades à coups de rasoir et tombant parfois dans des crises de stupeur d’où il ne sortait que pour crier “comme jamais, dira l’adjudant Griffoult, je n’ai entendu homme crier”. Vacher ne manqua pas de réussir et fut brillamment nommé sergent.

Ce texte a paru pour la première fois sous forme de feuilleton dans Paris matinal, du 9 au 18 février 1928. Cette publication complète est inédite.