Sur le toit de l’océan

traducteur
Anatole Pons
illustrateur
Yann Kebbi
Sur le toit de l’océan

11 mars 2011 : un tsunami déferle sur le Japon.

La vague, par sa soudaineté et son ampleur, frappe la population de plein fouet. Balayant tout sur son passage, elle laisse, dans son reflux, un paysage de désolation. Très vite, les secours s’organisent pour sauver ce qui peut encore l’être. Deux jours plus tard, un homme est retrouvé, très affaibli : il dérivait au large, perché sur le toit de sa maison, flottant à plusieurs milles des côtes. Récit de son incroyable histoire.

Plus tard, perdu au large, quand tu essayeras d’oublier tout ce que tu as laissé derrière toi, tu garderas ce souvenir tenace : un village au bord de l’océan. Ici, les maisons bien alignées avec leurs toits de tuiles grises, enveloppées par la ronde bienveillance des montagnes surplombant les rizières luxuriantes, le grenier de toute une nation. Là, les bateaux de pêcheurs, la mer dans toute sa sérénité azurée, et l’herbe verdoyante. Un grand sentiment de paix émane de cette image d’abondance : bois des montagnes, riz des rizières, poisson de l’océan. On ne manque de rien ici.

Ce village qu’unit la satiété, c’est le tien, Hiromitsu, et c’est ici, dans le souvenir de cette abondance, que tu te reconnais le mieux, cultivateur de riz depuis quatre générations. Ici, parmi une centaine de maisons en bois, se dresse celle en béton que ta famille a bâtie. Elle repose sur des piliers métalliques qui, selon tes calculs, résisteront à n’importe quelle marée haute, n’importe quelle vague errante. Dans ton coin de verdure à quelques centaines de mètres de l’océan, le jardin resplendit de pivoines, les dépendances s’étalent, l’étang à carpes foisonne.

The Man Who Sailed his House a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Anatole Pons. Le texte a paru la première fois dans GQ US en octobre 2011. © Michael Paterniti, 2011