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New York is Killing Me:post

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Scott-Heron se définit lui-même comme un “bluesologiste”. Âgé de soixante et un ans, grand et maigre, il vit à Harlem dans un appartement situé en rez-de-chaussée qu’il ne quitte pas souvent. C’est un espace long et étroit. Un dessus-de-lit vient recouvrir la porte coulissante en verre qui mène au patio, occultant ainsi toute source de lumière et conférant à l’endroit l’aspect d’une cellule de moine, ou d’une cave. Un jour où je le croyais sorti, j’ai appelé chez lui pour laisser un message. Il a répondu en disant : “Je suis là. Où est-ce qu’un homme des cavernes pourrait être, si ce n’est dans sa caverne ?”

Le Roi des Pickpockets:post

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Robbins danse autour de ses victimes, les place en douceur à certains endroits, évolue avec légèreté dans leur espace privé. Lorsqu’elles finissent par comprendre ce qui vient de se passer, Robbins se tient là, immobile, l’air de dire : “Je sais ce que tu ressens.” Les improvisations les plus simples de Robbins ont la dimension onirique d’une rencontre fortuite qui, imperceptiblement, tournerait mal.

Peter O’Toole sur la terre de ses ancêtres:post

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Tous les enfants de la classe avaient sorti leurs crayons et dessinaient des chevaux, comme la sœur leur avait demandé de le faire – tous, à l’exception d’un petit garçon, qui, ayant terminé, restait les bras croisés à son pupitre.

Portrait de l’artiste en postier:post

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Nous sommes en juillet 2011, à plus de sept mille cinq cents kilomètres à l’est de la ville de Waco, dans les ateliers de confection Hermès, à Lyon. Une assistante designer déploie un des carrés en twill de soie 90 x 90 centimètres qui font la réputation de la maison de luxe. Celui-ci est richement illustré de plantes et d’animaux du Texas. “C’est mon foulard préféré”, confie-t-elle à notre groupe de visite en désignant les principaux motifs. Intitulé Faune et Flore du Texas, il a été créé à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de l’État et a l’aspect romantique et suranné d’une planche d’encyclopédie. L’assistante designer suit du bout du doigt les contours d’une couronne de figues de Barbarie et d’une dinde charnue. Sa main caresse des nids de colverts, des troupes de ratons laveurs, un mustang en pleine ruade, un lièvre sauvage, une Longhorn impassible.

La musique est une offrande:post

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L’automne parisien s’était paré d’une brume hivernale. Au milieu du froid, Sonia Bazanta marchait dans un quartier morne du XIe arrondissement. Elle était habillée d’un pantalon noir léger, d’une veste polaire et d’un béret en daim sous lequel elle cachait sa chevelure. De son écharpe colorée, elle se couvrait le visage pour préserver la voix de Totó la Momposina :

“Qu’est-ce qui différencie Sonia et Totó ?, lui demandais-je.

— Nous sommes une seule et même personne, répondit-elle, aucune différence, si ce n’est que Sonia Bazanta m’est utile pour mon passeport, pour sortir du pays.”

Sonia Bazanta était partie de Bogotá, où elle vit, pour se rendre à Paris transformée en Totó la Momposina, chanteuse folklorique la plus reconnue de son pays, afin d’inaugurer le festival Villes des musiques du monde.

Ce jeudi 10 octobre 2013, Totó foulait de nouveau les rues qu’elle avait parcourues dans les années 1980, quand, à quarante ans, elle était venue à Paris pour étudier l’histoire de la danse à l’université de la Sorbonne.